Interview avec
Georgeta Suta

 

 

 

 

 Vernissage de l’exposition
« La poésie des couleurs »

 

le samedi 29 mai 2021 à 18h30

 

Pour Georgeta Suta, « la peinture et la poésie sont plus que des mots  et des couleurs, plus qu’un état d’esprit, plus qu’un livre ou une toile ! La poésie et la peinture sont une âme qui se réjouit, qui pleure, qui crie, qui chuchote ! C’est une personne échappée à sa solitude qui met son âme dans la paume du lecteur ou du spectateur, qui se laisse parcourir ou caresser des yeux, qui se laisse dépouiller des pensées, des peurs, des illusions, des rêves,… C’est le tumulte, c’est le silence qui fait mal, c’est le frisson, c’est l’amour, les larmes et le soleil, le tout assaisonné de vers et de couleurs, donnant à la vie un sens merveilleux ! » Elle vit chaque jour de sa vie guidée par ce crédo.

 

1. Écrire et peindre, pour toi, c’est plus un métier ou une passion ? Pour tous ceux qui ne te connaissent pas encore, peux-tu nous en dire un peu plus sur toi ?

Dès mon plus jeune âge, j’ai été attirée par la beauté et j’admirais beaucoup les gens qui réussissaient à exprimer leurs sentiments à travers les couleurs ou les mots. Je n’ai jamais pensé à publier des livres et j’ai pensé que la peinture resterait un rêve irréalisable. La poésie et la peinture sont pour moi des passions, ou plutôt mon évasion du quotidien, de la vie trépidante que nous vivons.

J’ai commencé à écrire de la poésie assez tardivement. À l’âge de 50 ans, j’ai eu le lancement de mon premier volume de poésies intitulé « Des mots non dits » publié en 2017 par la maison d’édition Grinta, sous la direction de Romeo Ioan Rosiianu. Puis, en 2019, chez le même éditeur, j’ai publié le deuxième volume de poèmes « Entre noir et blanc » ! En parallèle, mes vers ont également paru dans plusieurs anthologies collectives de poésies.

J’ai commencé à écrire mes premiers vers après mon arrivée en Belgique (2013) et c’était une façon d’exprimer mon désir de rentrer chez moi, pour mes proches mais aussi une gratitude pour tout ce que j’ai trouvé ici, c’est-à-dire des gens formidables que je rencontrais et qui m’étaient proches dans une période difficile de ma vie. Et, de la poésie aux couleurs, ce n’était qu’un pas, les moments de solitude m’ouvraient la voie vers une terre merveilleuse et … colorée.

2. Quand écris-tu ? À quel moment de la journée ? Combien de temps consacres-tu à l’écriture ? Mais à la peinture ? As-tu un « rituel », des horaires fixes ?

Non, je n’ai pas d’horaire fixe, j’écris quand je le sens, je peins quand j’ai du temps libre et l’état d’esprit nécessaire. L’écriture est beaucoup plus facile, un poème vient comme le vent ou comme une brise, c’est l’âme qui me parle et qui dépose, à ma place, mot après mot sur le papier. L’état d’esprit compte vraiment beaucoup. Je peins souvent quand je suis triste ou épuisée par le rythme trépidant de la vie. C’est comme une thérapie, une évasion dans un monde magnifique plein de couleurs.

3. Quels sont tes thèmes favoris et pourquoi ? Comment as-tu commencé ? Quel a été ton déclic ?

Comme je l’ai déjà dit, mon arrivée en Belgique a été assez douloureuse. Comme pour toute personne, au début, le manque ressenti pour mes parents, le manque du pays. Ma solitude et le déracinement ont fait naître mes premiers vers. Du vers aux couleurs, ce n’était qu’un pas! Mon thème préféré, au début, c’était moi-même et, puis la nature. J’écrivais ce que je ressentais et, ensuite, la nature est devenue pour moi le plus grand miracle du monde. En peinture, j’ai toujours été captivée par l’abstrait, c’est un monde incroyable où tout est possible.

4. As-tu un poète préféré et pourquoi ? Si non, quels auteurs t’ont le plus influencée ? Et dans la peinture ?

Oui, je pense que tout le monde aime Eminescu. Moi aussi. Cependant, j’aime également Adrian Paunescu et Nichita Stanescu. Je pourrais même dire que les poèmes d’Adrian Paunescu et son implication dans la vie des jeunes pendant mon adolescence ont grandement influencé mon amour pour la poésie. Vois-tu, je n’oublierai jamais le phénomène culturel « Cenaclul Flacăra »…

Pour ce qui est des peintres, pendant mon enfance, j’ai été impressionnée par les œuvres de Picasso et quand je suis arrivée en Belgique, dans la ville de Rubens, je n’ai pu m’empêcher d’être attirée par ses œuvres. Ici, j’ai également eu la chance de rencontrer personnellement Vinciane Closset, une peintre extrêmement « réaliste » qui est un véritable exemple pour moi.

5. Quelles sont tes inspirations artistiques, tes influences ?

La nature, la vie, les gens sont selon moi les sujets qui suscitent mes vraies émotions et je ressens le besoin de les partager avec les autres par ma façon de les apprécier et de les percevoir.

6. Combien de temps prends-tu pour faire un tableau ? Quelles techniques utilises-tu ? Et pour écrire un poème, en combien de temps tu considères qu’il est prêt pour le public ?

Je n’ai jamais « compté » le temps qu’il me faut pour une peinture. Tout tourne autour de mon état d’esprit de ce jour-là, ou des jours suivants quand je peux intervenir sur la toile et faire quelques changements. J’adore l’abstrait et la technique du coulage.

En ce qui concerne la poésie, on peut rester des jours entiers sans même pouvoir créer une strophe et il y a des moments où la poésie vient naturellement et en dix minutes elle est prête !

7. Quelle est ton tableau préféré ? Et ton poème ?

Je ne peux pas choisir un seul tableau puisque chacune de mes œuvres représente un de mes états d’esprit. Quand je me sépare d’un tableau, je me sens « appauvrie ». Quand il part, il me reste juste sa photo et le regret.

Par contre, la poésie, je la partage avec beaucoup de monde et, pourtant, elle reste dans mon âme.